⚕1er mai 2025 – Saint-Étienne | Contribution dite au cours du défilé, Elisabeth Rivollier
- SNMH FO
- 5 mai
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(pas de possibilité de prise de parole officielle de notre syndicat en tribune, vu que notre confédération n'était pas dans l'intersyndicale).
NB : Le texte a été écrit sur le vif, par manque de temps.
La vidéo contenant des soucis de son, une partie du discours est lu par une IA.

"Camarades, citoyennes, citoyens,
En cette journée internationale des travailleurs, nous célébrons les combats des travailleurs et des travailleuses. Le syndicat national des médecins hospitaliers, que je représente ici à Saint-Étienne, se reconnaît parmi les travailleuses et les travailleurs.
Notre syndicat regroupe des médecins, des biologistes, des pharmaciens des hôpitaux et des praticiens hospitalo-universitaires, Nous sommes le seul syndicat de médecins confédéré à une grande organisation syndicale, et c'est Force Ouvrière ! Notre syndicat a appelé à un 1er mai unitaire et d'ampleur.
Célébrons d'abord une grande conquête politique et économique des travailleurs : la sécurité sociale, le régime général de la sécurité sociale !
En France, les hôpitaux notamment ceux universitaires doivent leur développement à la sécurité sociale.
Pas d'hôpital public sans sécu !
En 1946 la classe ouvrière dirige ainsi une institution d’ampleur, libérée de toute forme de paternalisme social, et de plus elle finance le développement du système de soins pour tous.
Mais dès 1946 deux logiques contraires s'affrontent ; et ce combat est plus que jamais d'actualité. D'un côté la « Sociale » basée sur l'auto-gouvernement du système de santé par les intéressés eux-mêmes.
De l'autre côté « l’État social » qui fait de la protection sociale un instrument de contrôle de la population. L'étatisation de la sécurité sociale tente de renverser le principe de solidarité et ouvre la voie à un capitalisme sanitaire.
Et nous y sommes ! A l'hôpital nos directeurs parlent en part de marché pour telle ou telle maladie !
Des vendeurs de soins à la sauvette ou institutionnalisés pullulent.
Les grandes firmes pharmaceutiques ne cherchent que le profit, y compris par de fausses innovations bien lucratives. Les médicaments essentiels sont négligés, nous sommes confrontés à des pénuries inimaginables il y a 30 ans.
L'assurance maladie est même victime de vols par ceux qui profitent du système.
Par les malades ? Parfois, et c'est négligeable en terme financier par rapport aux fraudes commises par les fournisseurs de soins, et parfois même de professionnels de santé, des médecins même, qui corrompent le système.
L'Etat, incapable de répondre à des questions concrètes comme l'approvisionnement en médicaments, avance pour une main mise bureaucratique sur le système de santé toujours plus rigoureusement au fils des années.
A l'hôpital ce sont les Plans Juppé en 1995, loi Bachelot en 2009, la T2A en 2004 l'ONDAM.
Les acteurs de l'Etat affichent la volonté d'en finir avec la fonction hospitalière en tant que service public.
Ils renforcent la concurrence entre établissements. Les modes de management sont moyenâgeux par rapport à d'autre secteurs.
Vous avez dit « bien être au travail », équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Niet à l'hosto ! On vous rappelle sur vos repos, les heures, les gardes s'enchainent !
Vous protestez en montant personnellement au créneau ? Gare à vous !
Les hôpitaux sont dirigés avec des méthodes de coercition : coercition à la fois administrative et financière. Depuis plusieurs années les médecins sont très souvent exclus des processus de décision et sont impuissants face au pouvoir.
Pour dégraisser l'hôpital public, les directeurs d’hôpitaux, potentats sans contre pouvoir, sans contrepoids, se permettent de fermer toujours plus de structures ; eh oui, ils sont évalués sur leurs résultats financiers (donc sur les économies qu’ils ont faites).
Moins de lits, moins de personnel, plus d’économie.
Meilleure notation ! meilleure promotion ! Ceux-là mêmes qui collaborent avec la grande entreprise de verrouillage des soins n’assument pas les conséquences de leurs actes. Quand un drame survient, l'état et l'administration se dédouanent et cherchent un bouc émissaire, comme en octobre au SAMU de Montpellier, cet assistant de régulation qui a été suspendu sans que soit analysé de ce qui a conduit au drame, une jeune femme décédée.
Le problème des urgences c’est d’abord un problème de fermeture de lits.
où trouver un lit pour poursuivre les soins et la surveillance hospitalière ? Faute de lits standard d’hospitalisation, c’est le couloir des urgences ! Tel service d'urgence, comme à Anger, se retrouvent à prendre à gérer l’équivalent d’un service de gériatrie dans l’enceinte des urgences ; auquel se rajoutent les patients en retard de soins qui ont trop attendu faute d'un accès à un généraliste à cause de la pénurie de médecins. Les patients souffrent physiquement et moralement. Ils tardent à être soulagés.
Nous vivons en pleine contradiction, nous subissons l'hypocrisie des autorités sanitaires. Un exemple criant : les ARS demandent le nombre d’échelles de la douleur pratiquées dans les services, les EHPAD, alors que les patients âgés, et aussi moins âgés, endurent la douleur par manque de personnel. En face à ce marasme, des personnels deviennent insensibles à la douleur, à la détresse, et aussi à leur propre douleur, à leur détresse.
C'est une perte de sens total, beaucoup d'entre nous craquent.
Voilà pourquoi nous crions : « des bras des lits ». pour l’hôpital, pour les EHPAD.
Dans toutes les régions les alertes se multiplient. En janvier 2025, plusieurs hôpitaux notamment Nantes et Angers, ont publié un danger de péril imminent pendant l’épidémie de grippe. En avril c’est de au Mans qu'est publiée une lettre ouverte au ministre signée du personnel des urgences (106 professionnels ), le chef des urgences du CHU d’Angers déplore le manque de lits en psychiatrie principalement, qui génère des situations dangereuses au sein de son service où stagnent les malades en attente de place.
Notre syndicat demande au gouvernement actuel de se saisir de ce dossier sans délais, et nous demandons au ministre de la santé de nous recevoir rapidement pour débattre de ces situations et amener les réponses adaptées.
Ce ne sont pas uniquement les médecins qui doivent retrouver voix au chapitre, c’est l’ensemble des soignants, ceux en première ligne avec les patients, qui doivent prendre la parole, prendre le droit à la parole.
L’hôpital n’a jamais été conçu comme une organisation démocratique.
Plus que jamais le temps est venu d’une démocratisation.
Notre syndicat soutient le collectif de défense du centre de santé de la CRAMIF (le regroupement de la sécu des 8 départements de l'île de France), collectif qui regroupent patients, professionnels et organisation syndicale. Il s'agit de maintenir dans un quartier, celui défavorisé de Stalingrad, un accès aux soins pour tous.
Les plus grands combats pour le rétablissement du service public hospitalier sont devant nous, en rupture complète avec ce qui se déroule actuellement, en rupture complète avec les aberrations que nous vivons.
Loin de la doctrine technocratique de la dernière « grande » loi masanté2022 qui prône les soins ambulatoires pour mieux réduire les lits d’hospitalisation. Le rétablissement de l’hôpital public se fera en lien avec une refondation de l’organisation du système de soins ambulatoires et des soins primaires.
Seul un grand service publique des soins donnera à chacun selon ses besoins.
Nous médecins du SNMH FO, comme tout médecin avons fait le serment de soigner toute personne qui nous demande aide et assistance.
Quel que soit le coté du conflit où se trouve le blessé ou le malade.
Apporter ses soins, c’est ce que faisait le Dr Hussam Abu Safiya, un des derniers médecins à soigner dans le nord de Gaza !
Nous le soutenons et militons pour sa libération.
La lutte pour la libération du Dr Hussam Abu Safiya et de tous les soignants emprisonnés fait écho avec les luttes pour la dignité des soins, des patients et des soignants.
Il faut arrêter de bombarder les hôpitaux,
arrêter de tirer sur les ambulances !"








